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Axe 1. Facteurs d’insécurité primaire, nouveaux risques d’accidents

  • 1.1. Accidentalité routière et dysfonctionnements

L’analyse clinique des accidents, menée grâce aux Etudes Détaillées des Accidents (EDA), est axée autour de la recherche des processus de dysfonctionnement du système routier et de la détermination des causes et des conséquences des accidents. Elle s’appuie méthodologiquement sur les modèles d’analyse séquentielle et de reconstruction cinématique de l’accident, et permet une compréhension fine des phénomènes réels d'insécurité routière et de leur évolution. Elle est ainsi complémentaire aux analyses statistiques et épidémiologiques menées dans d’autres équipes de TS2. Des monographies ou des données agrégées de cas d’accidents sont utilisées pour des recherches menées sur les facteurs humains d’insécurité routière, mais aussi sur le rôle des infrastructures et des véhicules, ainsi que sur leurs interactions dans la survenue des accidents. En effet, l'accidenthèque EDA est à la fois un outil de recherche au service de travaux dans les domaines de la sécurité et de la santé mais aussi un objet de recherche qu'il faut adapter à l'évolution du système de circulation et de son accidentalité. Cette évolution doit nécessairement prendre en compte les nouvelles technologies émergentes et suivre notamment la modernisation des véhicules et les enquêtes EDA sont ainsi illustratives de la diversité des accidents. Les données EDA sont confrontées à des données recueillies par d’autres approches telles des observations effectuées sur des populations non accidentées ou sur des infrastructures routières identifiées comme accidentogènes.

Des EDA sont menées sur tous  types d’accidents. L’analyse approfondie et qualitative d’autres bases de données d’accidents (BACC et PV notamment, etc.) permet, par la méthodologie d’analyse séquentielle des accidents issue des EDA, de constituer des scénarios types de dysfonctionnement utiles à l’élaboration des diagnostics de sécurité routière.
 

  • 1.2. Nouvelles mobilités des usagers, nouveaux facteurs d’insécurité

L’émergence de nouveaux types de véhicules (véhicules électriques, vélos à assistance électrique, deux et trois-roues motorisés, etc.) et de nouvelles pratiques de déplacement et d'aménagement liées aux politiques de mobilité durable (voir 2.2.) conduit l’équipe à entreprendre des recherches accidentologiques centrées plus particulièrement sur ces nouveaux enjeux de mobilité. Sont analysés notamment les risques liés à la conduite de trois-roues motorisés et de véhicules électriques ou à assistance électrique. Un regard spécifique est porté sur les modes doux de déplacement (cycles et piétons) en condition nocturne (l’exposition de ces modes de déplacement en période nocturne peut en effet être amenée à croître si le mode automobile régresse). Les risques liés à l’augmentation de la mixité des usages sont étudiés aux travers des aménagements pour les tramways et transports collectifs en site propre.

D’autre part, l’introduction des aides à la conduite issues de l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les véhicules va engendrer de nouveaux dysfonctionnements et risques pour les conducteurs. Ces risques pourront être en partie identifiés par les nouveaux cas d’EDA et les questions juridiques qui émergent de l’usage de ces technologies sont identifiées : protection des données personnelles des usagers et responsabilités individuelles et/ou collectives en cas d’accident, impact de ces technologies sur la santé. Les résultats de ces analyses juridiques s’appliquent également aux enregistreurs de données (EDR) développés au LMA dont l’objectif est d’étudier dysfonctionnements et incidents (voir 1.3).

  • 1.3. Situations de conduite dégradées, comportements non sécuritaires

Il s’agit ici de mieux cerner, en amont de l’accident, l’influence de chacune des composantes du système homme-véhicule-environnement sur l’insécurité routière. Généralement plus spécifiquement ciblées sur une des composantes du système, les approches intègrent toutefois les interactions avec les autres composantes.

Ainsi, pour mieux comprendre la genèse des situations dégradées ou incidentelles, les travaux s’appuient sur le déploiement d’enregistreurs de données routières sur diverses flottes de véhicules, afin de recueillir et d’analyser des incidents en situations réelles de conduite. Cette approche, développée sur des véhicules légers, est adaptée à l’étude des incidents se produisant lors de la conduite d’un 2RM, ou de vélos électriques et d’EDP. Le nombre croissant de ce type « d’engins » dans la mobilité urbaine et l’accidentologie représente en effet un enjeu majeur en termes de sécurité. Les recherches, initialement centrées sur les relations véhicule/environnement, s’orientent ensuite vers des analyses intégrant plus directement la dimension humaine et la confrontation des usagers avec de nouveaux modes de conduite liés à la montée en puissance du partage des tâches entre le conducteur et les aides embarquées dans le véhicule.

L’analyse des facteurs internes et externes pouvant diminuer les capacités des conducteurs et les fragiliser est développée. Sont étendues les recherches sur le niveau d’expérience avec d’un côté ses répercussions sur la charge de travail, la distraction ou sur l’état physiologique et émotionnel du conducteur, de l’autre côté son effet sur le comportement de conduite et le niveau de vigilance en situation dégradée, notamment lors de l’absorption de boissons alcoolisées ou d’une complexité accrue de l’environnement routier. En complément, les recherches sur les indices présents dans l’infrastructure routière et susceptibles d’induire chez le conducteur des comportements non sécuritaires sont développées, elles s’inspirent en particulier d’analyses issues des EDA pour le choix de scénarios prototypiques à étudier. L’influence de l’environnement routier sur le confort et la sécurité des usagers est ainsi intégrée dans ces approches.